Prédication au temple de Vincennes par le Père Stéphane Aulard

PREDICATION AU TEMPLE DE VINCENNES

TROISIEME DIMANCHE ORDINAIRE (Année B)

24 JANVIER 2021

Lectures bibliques : Jonas 3,1-5.10, 1 Corinthiens 7,29-31, Marc 1,14-20

Frères et sœurs puisqu’il m’est donné de venir prêcher devant votre communauté en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens je voudrais souligner ce qui, à mon sens, se dégage des trois lectures bibliques qui sont offertes à notre méditation en ce dimanche.
Il y a une grande cohérence en effet entre ces trois textes bibliques qui pourtant relèvent d’auteurs bien différents.
La première lecture est un extrait d’un petit prophète, Jonas. Petit quant au nombre de chapitres que comporte son livre : quatre et nous lisons le chapitre 3.

La première lettre de Saint Paul aux Corinthiens nous transporte dans un autre univers : celui des païens de Grèce vivant dans une cité industrieuse où une jeune communauté chrétienne est née et qui se débat entre la foi à laquelle elle se rend et les pratiques païennes tellement éloignées de la foi biblique auxquelles elle semble attachée durablement.

L’Evangile selon Saint Marc dans ses débuts met en scène le prophète de Galilée, Jésus, ses premiers disciples et les premiers mots de sa prédication. En lisant et en relisant ces courts extraits si denses il me semble que trois fils se dégagent :

Le premier est une urgence : celle du temps qu’il ne faut pas perdre car quelque chose de nouveau et d’essentiel, comme on dit aujourd’hui, est en train d’advenir.
Le second est le motif de l’invitation à la conversion.
Le troisième est celui des fruits de cette conversion.
Je développe chacun de ces fils maintenant.

1-Parce que le livre de Jonas est court on comprend que la succession des événements rapportés a pour fond l’urgence du temps dans lequel se trouve Jonas d’abord rebelle à l’invitation de Dieu à aller prêcher dans la ville païenne de Ninive symbole de la puissance et de l’orgueil des païens totalement rebelles eux aussi à la Parole du Seigneur parce qu’ils sont sûrs de leur civilisation puissante, organisée, guerrière, imbue d’elle-même, idolâtre…

On retrouve cela dans les propos de Paul aux Corinthiens : il s’adresse à des gens qui ont découvert la foi en Jésus Christ mais qui restent extrêmement attachés à leur mode de vie dominé par l’art du commerce et du profit primant sur celui de la fraternité qui pourtant les a déjà attirés.

Le passage de l’Evangile de Marc nous dépeint un Christ qui n’a pas de temps à perdre parce que sa venue en ce monde est le signe de l’accomplissement du temps et de l’histoire biblique qui précède.

Nous vivons actuellement un temps, un moment, un kaïros inédit : une pandémie s’est développée et semble continuer à se développer inexorablement. Il faut agir vite pour que les choses ne s’enveniment pas davantage. Les décideurs sont acculés, nos journées sont abrégées parce qu’il faut se protéger. Et c’est dans ce contexte que nous n’imaginions pas il y a un an qu’il faut entendre nos lectures bibliques. Dieu lui aussi n’a pas de temps à perdre pour toucher nos cœurs. Jésus, le nouveau Jonas, Jésus comme plus tard Paul aux Corinthiens nous presse de prendre conscience de la brièveté et de la fragilité de nos vies. Le Christ ne veut pas nous assommer certes mais nous presse dans ce temps court à nous mettre à l’écoute de sa Parole. Comme à Jonas la « Parole de Dieu « nous est adressée (cf. Jon 3,1), celle que nous venons d’entendre. Combien de temps nous faudra-t-il pour l’écouter et l’entendre ? Trois jours ou une vie qui ne serait pas futile ? Le verset de Paul passé dans les proverbes de notre langue peut nous paraître rude à moins qu’il ne nous invite à une introspection : « Car il passe ce monde, tel que nous le voyons. » (1 Co, 7,31) : Sic transit gloria mundi… N’avons-nous pas entendu ces derniers temps toutes ces réflexions de nos politiques et de nos débatteurs sur le « monde d’avant » et le « monde d’après » ? Et si nous commencions déjà à nous intéresser au monde présent, notre monde tel qu’il est complexe et fascinant, rude et riche de tout un potentiel et à en découvrir le lieu où Dieu peut et veut aujourd’hui comme hier avec nos devanciers s’accomplir en nous…

2-Le second fil qui est considérable pour un chrétien, c’est l’appel à la conversion. On nous parle sans cesse de la transition et de la conversion écologique. Nos Eglises qui ne sont d’ailleurs pas insensibles à ces appels ont même inventé un « label » comme on dit : le label « Eglise verte ». Bien d’autres conversions doivent être à l’ordre du jour comme celle de la renonciation aux violences, aux emprises subtiles en particulier sur les consciences, les appels à une autre gestion du pouvoir et de l’autorité, la découverte que notre humanité ne saurait se passer des charismes des hommes et des femmes. Et que dire de notre humanité encore si souvent dominée par le mode de vie occidental alors que des pays émergents demandent à se faire entendre. Nos Eglises souvent fatiguées en Occident ne doivent-elles pas faire place aux jeunes Eglises en croissance et dynamiques d’Asie et d’Afrique en particulier ?

Vous me direz : mais qu’est-ce que cette analyse rapide a à voir avec la conversion dont il est question dans les lectures bibliques de ce jour ? J’aurais envie de répondre que nous avons fait du motif de la conversion une affaire tellement spiritualisée et intérieure que nous ne voyons pas dans les appels à la conversion entendus aujourd’hui quelque chose de puissant révélant combien se convertir ne concerne pas que l’adhésion de son être à la personne du Christ. Il s’agit, si je puis dire, d’une conversion radicale, intégrale. Les ninivites avaient besoin d’entendre parler du Dieu unique révélé par ce prophète Jonas qui avait d’ailleurs eu du mal à se mette en route et à obéir à la Parole de Dieu ! Les ninivites sont une figure de ce que nous sommes : des gens pressés et idolâtres de leur puissance guerrière comme les corinthiens étaient une figure de la puissance des affaires économiques qui semble tout dominer y compris nos meilleures intentions. Et l’Evangile en terre juive ne nous dit pas autre chose : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ; convertissez-vous et croyez à l’Evangile ! » (Marc 1,15 Ceux-là même qui sont officiellement déjà sous la Parole de Dieu ont à se convertir d’urgence ! Pourquoi ? Parce que Dieu en Jésus Christ vient toujours remettre le monde à l’endroit et pour cela il nous requiert encore et toujours ! Parce que le monde livré à lui-même est à l’envers assurément il nous faut accepter de nous mettre face à Jésus Christ dans notre culte comme dans notre prière la plus personnelle et l’entendre nous dire que le monde de Dieu est ce qu’il faut à ce monde pour qu’il devienne enfin humain et entre dans le projet divin de la création sans cesse nouvelle qui s’accomplira dans la Jérusalem nouvelle.

3-Le troisième fil est le résultat déjà tangible de l’appel à la conversion : le fruit. Voilà bien un mot de la prédication de Jésus, le fruit, les fruits (cf. Jn 15,8).

Cela apparaît déjà très nettement dans la prédication de Jonas qui, en très peu de temps, atteignit son objectif –en trois jours- : la population de Ninive se convertit et se détourna de « sa conduite mauvaise » (Jon 3,10). Juste auparavant le texte nous précise que non seulement les humains mais aussi hommes et bêtes (versets 7 et 8) jeûnèrent et renoncèrent à leur conduite mauvaise marquée par l’adhésion à la violence.

Cela est exprimé autrement mais dans le même sens dans la prédication de Paul aux corinthiens qui leur indique le chemin à parcourir pour embrasser en somme le règne de Dieu. Il s’agit d’entrer dans un régime de sobriété et de refus des accaparements de toute sorte. Cela ne résonne-t-il pas à nos oreilles cet appel à la sobriété qui aura encore un long chemin sans doute à parcourir pour que nous en découvrions la joie !

Et l’Evangile dans la séquence que nous venons d’entendre, qu’en est-il ? L’appel de Jésus à la conversion se concrétise et c’est un véritable fruit par l’appel des quatre premiers disciples qui quittent très concrètement ce qu’ils étaient en train d’accomplir : le travail de la pêche pour se dévouer entièrement à la suite du Christ et à l’exercice de la prédication comme leur maître, le Christ.

Je termine sur ces trois fruits qui ont de quoi nous faire tous réfléchir si nous acceptons d’entrer dans la proximité de Jésus Christ en nous convertissant les uns et les autres aujourd’hui comme hier :

  • La libération de la violence et de la mainmise sur autrui,
  • La découverte d’une vie choisissant la sobriété et le refus des excès,
  • La participation à l’œuvre du Christ en se faisant compagnon, disciple, ami du Seigneur et en invitant joyeusement nos frères et soeurs à cette rencontre.

Amen.

Père Stéphane AULARD

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Retournés à la Maison du Père, dont les obsèques seront célébrées le
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Mercredi 10 avril à 10h30