Homélie Quatrième dimanche de Pâques – C 8 mai 2022

Jean 10, 27-30
En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Chers Frères et Sœurs,

Mes brebis écoutent ma voix, nous dit aujourd’hui Jésus.

Si nous sommes rassemblés ici, ce matin, quand la plupart de nos proches et de nos contemporains profitent du repos dominical pour rester chez eux, au calme ou endormis, c’est qu’un jour, nous aussi, nous avons entendu la voix de Jésus, la parole qu’il nous adressait, et que nous avons pris au sérieux cette parole au point de nous mettre en route et de le suivre. Venant ici ce matin, c’est à la voix du Seigneur que nous nous sommes mis à l’écoute.

Disons-le, dans notre vie de foi avec le Seigneur, tout commence avec l’écoute. Déjà, dans l’ancienne Alliance, le peuple élu avait entendu le fameux Chema Israël (Dt 6,4), Ecoute Israël ! lancé par Moïse au peuple hébreu, cette parole l’avait mis en route et il avait marché quarante ans dans un désert aride. Une parole si importante qu’aujourd’hui encore, les juifs observants la prononcent plusieurs fois par jour.

A notre époque, de nombreux agnostiques fondent souvent leur absence de foi en constatant qu’ils n’ont jamais vu Dieu. Certes, les incroyants n’ont pas vu Dieu, comme nous-mêmes, nous ne l’avons jamais vu. Car pour le connaître, il ne s’agit pas de le voir, mais d’abord de l’écouter. Tu n’as pas vu Dieu ? Alors écoute-le. Et en l’écoutant, tu découvriras qu’il te connaît et qu’il te mène, telle une brebis, sur les prés d’herbe fraîche où enfin, tu trouveras le repos véritable.

Oui, nos contemporains, les gens veulent voir, car la vision immédiate semble donner un gage de certitude ; la certitude de l’espace où nous nous trouvons avec ce que nous y voyons. En revanche, quand nous prenons le temps de l’écoute, nous délaissons l’apparente évidence de la vision pour entrer dans la durée. Durée parfois longue et toujours patiente de l’écoute.

Voilà ce qu’exprime le pape François dans La Joie de l’Evangile, sa première exhortation apostolique, quand il dit que le temps est supérieur à l’espace. Nous nous perdons dans les espaces infinis de nos imaginations, dont nous cherchons d’un insatiable désir à toujours repousser les limites, en oubliant que seul le temps nous construit, surtout quand nous l’employons à écouter ; et plus encore, à écouter la voix du Seigneur.

Mes brebis écoutent ma voix. Ecoutons donc cette voix ; et bientôt nous entendrons et nous comprendrons jusqu’à quelle profondeur de notre cœur cette voix nous connaît, d’une connaissance si intime qu’elle nous fera irrésistiblement nous mettre en route à sa suite. Ecoutons-la pour reconnaître jusqu’où nous sommes connus et aimés. Alors, qui que nous soyons, quelles que soient nos entraves, nous suivrons Jésus sur ce chemin de joie qui est le sien, au-delà de toute épreuve ; épreuves que nous traverserons, tels les ravins de la mort, parce que cette promesse crédible d’une

irrémissible joie viendra ruiner ces épreuves. Cette joie porte un nom, c’est la vie éternelle, la vie donnée à ceux qui écoutent et suivent la voix du Seigneur.

Ainsi, Frères et Sœurs, quand sur la route, nous croisons un ami, un parent, un familier qui nous dit : Je ne crois pas en Dieu parce que je ne l’ai jamais vu, ne craignons pas de lui demander : Tu ne l’as jamais vu, mais l’as-tu écouté ? L’écoutes-tu ? As-tu pris le temps de fuir ces grands espaces où tu imaginais le trouver dans une vision immédiate, pour demeurer dans le temps de l’écoute où sa voix se laisse entendre ; voix si douce qu’irrépressiblement tu la suivras ?

Et si notre vie de croyant devait se cristalliser en cette seule question : Que me dit la voix du Seigneur ? Qu’y a-t-il que le Seigneur attende de moi aujourd’hui ? Dans le silence de notre cœur, demandons-Lui : Qu’y a-t-il, Seigneur, que tu attendes de moi aujourd’hui, qui me donnera cette invincible joie ? Parle Seigneur, parle, ton serviteur, ta servante écoute (silence).

Frères et Sœurs, nous aussi, brebis du Seigneur, quittons nos enclos bornés, et écoutons sa voix. En l’écoutant, nous l’entendrons ; et en l’entendant, nous le suivrons.
Ne te lasse jamais de l’écouter, car il est la source de ta joie.

Aussitôt, il fera jaillir en toi la vraie vie, la vie éternelle. Et cette invincible confiance surmontant les forces de la mort. Tu habiteras la main du Seigneur et rien ni personne ne pourra t’en arracher. Jésus le dit : Mon Père est plus grand que tout, et Jésus et le Père, c’est tout UN.

Amen
Père Marc D.