Homélie Vingt-septième dimanche du temps ordinaire – C 2 octobre 2022

Luc 17, 5-10

En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite prendre place à table’ ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ »

Chers Frères et Sœurs,

Disons-le, l’Évangile a de quoi nous étonner. Jésus répond aux disciples qui lui demandent d’augmenter en eux la foi. Si les disciples, qui partagent la vie de Jésus depuis des mois, en sont à lui demander d’augmenter en eux la foi, qu’en sera-t-il de nous qui ne l’avons jamais vu de nos yeux ? Peut-être les disciples pressentent-ils que la route qui les mène à Jérusalem avec Jésus prépare des jours difficiles ? Face à la souffrance et à la mort du Seigneur, leur foi aura à s’affermir. Jésus ne dira-t-il pas à Pierre : J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères (Lc 22, 32).
Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Que veut dire Jésus ? Pourquoi un arbre irait-il se planter dans la mer ? Jésus lui-même n’a jamais transplanté d’arbre dans la mer. Il s’est toujours refusé à opérer des signes merveilleux.
A un autre passage, il est déjà question de la graine de moutarde : Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches (Mt 13, 31-32).
Aussi lorsque les disciples demandent à Jésus : Augmente en nous la foi, comprenons qu’il les invite, qu’il nous invite, à commencer par une toute petite foi. Il nous dit : Prenez soin de votre foi comme le jardinier fait de la plus petite graine. Même avec cette toute petite foi, votre foi grandira alors et deviendra un jour de la taille d’un grand arbre. Vous deviendrez comme un grand arbre où viennent s’abriter les oiseaux du ciel, les malmenés par la vie qui cherchent un abri. Les disciples sont appelés à devenir, par la foi, pour les hommes ce qu’un grand arbre est pour les oiseaux du ciel.
Pensons à Thérèse de l’Enfant-Jésus qui vécut sa courte vie de vingt-quatre ans, comme une petite graine, ignorée de tous en son vivant, entre les hauts murs d’un carmel à Lisieux. Elle est pourtant devenue une sainte des plus vénérées de toute l’Église. Sans avoir quitté son couvent, elle deviendra patronne des missions. Pensons à Teresa de Calcutta, ou à sœur Emmanuelle du Caire, petites femmes fragiles qui ont provoqué en faveur des plus pauvres d’incroyables ouragans de générosité et des tempêtes de charité.
Avec les saints, Jésus nous révèle la force inouïe de la foi.

Vient ensuite une parabole étonnante. Un homme, un serviteur, a travaillé toute la journée. Il aurait le droit de se reposer en rentrant le soir. Son maître lui demande pourtant de le servir à table. A l’époque, un serviteur était serviteur nuit et jour. Ce que dit Jésus, c’est que quand on a la foi, on ne l’a pas à temps partiel. La foi ne connaît pas les trente-cinq heures. Elle engage toute notre vie. Plus encore, elle se vit dans l’action et le service. Le vrai serviteur met en pratique ce que demande son maître. Les disciples de Jésus vivent dans l’action et le service, voilà ce qui augmente la foi. Ce n’est pas ou la foi ou les œuvres, mais plutôt la foi jamais sans les œuvres.
Ainsi ne peut-on jamais dire : J’en ai fini avec l’Évangile. La parole de Jésus cultive en nous le désir de toujours vivre davantage la Bonne Nouvelle. Paul dit aux Thessaloniciens : Priez sans cesse. Cela ne signifie pas qu’il faut rester à genoux toute la journée à l’église. Non, c’est une invitation à ce que la prière vienne habiter toute notre vie. Un appel à considérer notre vie au service du Seigneur par la foi ; et au service du frère en mettant la foi en pratique.

Le Seigneur nous presse à nous reconnaître comme de simples serviteurs, serviteurs ordinaires. Que veut-il dire ? Paul dit encore aux Corinthiens au sujet de l’amour, cet autre nom de Dieu si Dieu est amour : J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. Voilà ce qui désigne l’humble et ordinaire serviteur.
Sans faire de bruit, il croit tout, il endure tout par amour de son maître.
Comme Jésus, avec Lui, devenons ce serviteur que Dieu attend.

Amen

Père Marc D.