Homélie Sainte Marie – Mère de Dieu – 1er janvier 2023

Luc 2, 16-21

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.


Chers Frères et Sœurs,

Le premier jour de l’année civile, l’Église célèbre la solennité de Marie Mère de Dieu ; et depuis 1968, à l’initiative du pape Paul VI, c’est aussi la Journée mondiale de la paix, pour les hommes de bonne volonté. Marie est ainsi celle qui a mis Dieu au monde en Jésus, celui que le prophète Isaïe avait annoncé comme Prince-de-la-paix (Is 9, 5) et qui dira un jour : Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix (Jn 14, 27). Et voici que cette paix se trouve indéfectiblement liée à la maternité divine de Marie, Mère de Dieu, et à son Fils Jésus. La paix devient la grâce reçue du Seigneur Jésus, Sauveur donné par Marie.
Après avoir vu, les bergers racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Les bergers ont d’abord entendu l’annonce qui leur fut adressée par l’ange : la naissance d’un Sauveur, le Christ, le Seigneur (Lc 2, 11). Ils se hâtèrent pour aller à Bethléem. Ils ont vu, puis ils ont raconté. Retenons ce chemin de conversion qu’empruntèrent les bergers, chemin qu’ils nous invitent à emprunter nous aussi : entendre, se hâter, partir, voir, raconter, pour enfin glorifier et louer. Voilà le chemin des bergers où il nous faudra, nous aussi, avancer. Frères et Sœurs, entendrons-nous le message que le Seigneur nous adresse ? Aurons-nous le cœur assez dilaté et dépouillé pour écouter sa Parole et nous hâter de nous déplacer grâce à elle ?
Autre est l’attitude de Marie : Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Marie habitait les événements dans son cœur. Comme elle, répondons à l’invitation à méditer et à habiter les événements. Le Seigneur nous y attend. Méditons la Parole comme cet événement donné à nos cœurs de croyants. Savourons-la pour qu’elle réveille en nous la part enfouie et inaccessible de notre cœur. Que cette Parole nous touche, et même qu’elle nous blesse le cœur, pour le ranimer et en faire la mangeoire où nait le Seigneur.
Comme il fit pour Marie, le Seigneur nous invite à veiller et à demeurer attentif au bruissement de sa Parole en nos cœurs. Comme Marie, nous pourrons répondre alors : Voici la servante, le serviteur du Seigneur, que tout m’advienne selon ta Parole (Lc 1, 38).

Que sera pour nous l’année 2023 ? Bien des motifs attisent nos inquiétudes : les épidémies à répétition qui semblent ne jamais finir, une guerre à nos portes en Ukraine qui menace de s’étendre, le dérèglement climatique qui accélère le réchauffement de la planète, une société qui paraît avoir perdu tout repère, en premier lieu l’indéfectible confiance en la vie ; jusqu’à l’Église qui semble incapable de mettre fin aux crises préoccupantes qu’elle traverse.
Pourtant, c’est bien ce monde qui est notre monde. Tels les bergers nous y sommes attendus, non pas seuls, on ne se sauve pas seul, mais avec les autres, pour devenir – comme ces bergers – les improbables témoins de la radicale fragilité d’un Enfant par qui advient le Salut du monde. Cet Enfant nous sauve, il s’appelle Jésus, Dieu sauve. Dans ce monde, comme Marie, nous avons à scruter les événements, à les méditer et à les habiter pour y discerner le plan auquel le Seigneur désire nous associer : Salut de Dieu, Bonne Nouvelle de son inconditionnel amour donné à tous les hommes et femmes, les bons et les mauvais, pour les accueillir en la vie éternelle. Ce Salut ne surviendra pas sans notre consentement, sans que, hommes et femmes, nous ouvrions notre cœur et devenions toujours davantage compagnons du Seigneur.

Frères et Sœurs, en 2023, dilatons notre cœur. Ecoutons et racontons ce que l’Évangile nous annonce. Retenons en nos cœurs la Parole de Salut. Méditons-la. Alors, comme les bergers, rien ne nous entravera pour glorifier et louer Dieu. Nous resterons debout dans un monde à genoux. Comme Marie a enfanté Dieu, nous enfanterons Jésus, improbable et inattendu, en un monde qui le désire sans parvenir à y croire

Que notre cœur apporte la paix quand la guerre nous cerne.

Marie, Mère de Dieu, prie pour nous, pauvres pécheurs si souvent enclins à désespérer. Prie pour nous maintenant, tout au long de l’année 2023, et à l’heure de notre mort, car Jésus, Prince de la paix, le fruit de l’Esprit à l’œuvre en toi, est béni.

Sainte Marie, prie pour nous, que le monde soit en paix. Qu’il soit sauvé.

Amen

Père Marc D.