Homélie Dimanche des Rameaux – A 2 avril 2023

Matthieu 27, 45-54

(…) À partir de la sixième heure, c’est-à-dire : midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : Éli, Éli, lema sabactani ? ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! » Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres disaient : « Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver. » Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! » (…)


Chers Frères et Sœurs,

La passion du Seigneur chez saint Matthieu révèle un monde miné par la peur. Les disciples ont peur : ils partagent un dernier repas avec Jésus, l’un d’eux va le livrer, et tous se demandent : serait-ce moi ? Plus tard, ils diront avec Pierre : Même si je dois mourir, moi, je ne te renierai jamais. Or dès que la foule armée survient, tous abandonnent Jésus et s’enfuient. Et le premier à avoir cru sera le premier à le renier.
Les grands prêtres ont peur : ils soudoient de faux témoins contre Jésus tout en se demandant : et si c’était lui le Christ, le Fils de Dieu ? Pilate a peur et il se demande s’il ne vaudrait pas mieux relâcher Jésus plutôt que de condamner un innocent. La femme de Pilate a peur, elle aussi, car elle a fait un mauvais rêve au sujet de Jésus. Face à cette peur généralisée, les disciples ont fui. Le grand prêtre a payé de faux témoins. Pilate, poussé par sa femme, s’en est lavé les mains.
Jésus, lui aussi, éprouve la peur : il commence à ressentir tristesse et angoisse, dit l’Évangile. Jésus a peur, mais seul Jésus parvient à dépasser la peur. En sa faiblesse et son humilité, Jésus accepte de traverser la peur. Et il nous montre, à nous aussi, le chemin pour traverser toutes nos peurs.
Jésus nous le dit : Restez ici et veillez avec moi, veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. Face à la peur, pour en sortir, et non pas pour nous enfuir ou nous laisser engloutir, Jésus montre le seul chemin : veiller et prier. Ainsi, Jésus n’a pas caché sa peur et il prie : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Ajoutant à sa prière : Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux.
Ainsi, l’abandon de Jésus au désir de son Père vient juguler l’escalade de la peur pour laisser place à la confiance inconditionnelle en l’amour du Père, un amour sans commune mesure avec la plus paralysante de nos peurs.
Et voilà que, malgré une terrible agonie, la mort sur la croix, par cette mort, Jésus suscitera chez le centurion romain, un païen en faction au pied de la croix, cette étrange confession de foi : Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu.

Avec lui, disons, nous aussi : Vraiment, Jésus, tu es Fils de Dieu.

Amen
Père Marc D.