Veillée pascale – A Samedi 8 avril 202

Matthieu 28, 1-10

Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre. Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent comme morts. L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.’ Voilà ce que j’avais à vous dire. » Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »


Chers Aliénor, Célia, Chrystelle, Émilie et Goulven,
Frères et Sœurs bien aimés,

Quand se lève le soleil, Marie Madeleine et l’autre Marie se rendent au tombeau comme on irait au cimetière. Elles avaient accompagné Jésus jusqu’à son dernier souffle, vendredi, au pied de la croix, témoins impuissants d’une souffrance indicible survenue trop vite. Cependant, ces deux femmes ne renoncent pas à l’amour ; elle se rendent les premières au tombeau, le jour après le sabbat, le dimanche, pour embaumer le corps de Jésus que la mort venait d’engloutir. Elles se sont levées de grand matin. C’était le premier jour de la semaine, mais elles ignoraient encore que ce serait le premier matin des temps nouveaux, le matin d’un jour qui changerait pour toujours le cours de toute l’histoire des hommes, un jour où la victoire de la vie signerait à jamais l’anéantissement des forces de mort.
Comme Marie Madeleine et Marie, et vous aussi Aliénor, Célia, Chrystelle, Émilie et Goulven, aujourd’hui, vous aussi, vous avez bravé la nuit, et comme elles, vous accompagnerez Jésus, le Christ, jusqu’à cet endroit où par sa résurrection, il donne en partage à chacune, à chacun, la vie en plénitude, la vie éternelle avec la grâce du baptême et de la confirmation. Pour vous aussi commence aujourd’hui une vie nouvelle, la vie qui ne finit pas.
Chaque fois que Jésus avait annoncé aux disciples sa mort et sa résurrection, cela n’avait pas suffi à les convaincre. Ils n’avaient pas compris. Aussi les femmes cherchent-elles maintenant à embaumer un cadavre. Pour elles, Jésus est dans un tombeau, un lieu où celui qui entre ne sort jamais. Une pierre bouche l’endroit où l’on a déposé le corps inerte de celui en qui elles avaient tant espéré. Une pierre, pour étouffer l’espérance. Mais voici que l’ange du Seigneur descend du ciel, vient rouler la pierre et s’assit dessus.
Avant que n’arrivent les femmes, la pierre a déjà été roulée. Elles pensaient trouver Jésus mort, et c’est un ange qui les attend, habillé d’un vêtement blanc comme neige, de ce blanc lumineux que revêtait déjà Jésus au jour de la transfiguration. Les femmes se rendaient à une tombe, lieu de mort, et voilà qu’elles entendent une Parole de vie : Soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit.

Aujourd’hui, Aliénor, Célia, Chrystelle, Émilie et Goulven, pour vous aussi, la grâce du baptême vient faire éclater les pierres qui condamnent l’entrée de votre cœur, et aussi du nôtre. Le Seigneur de la vie vous le dit à vous aussi : Soyez sans crainte. Il vient habiter les cœurs et libère l’espérance. Une espérance, non pas un optimisme de circonstance, mais bien ce don divin, cette grâce qui illumine toute la vie d’une lumière qui ne s’éteint pas.
Quelles que soient les tristesses qui viendraient encore habiter le cœur de chacune ou de chacun, cette espérance vous sera toujours donnée, elle nous sera donnée, car nos croix débouchent désormais sur la résurrection.
A présent, Jésus attend chacun de nous en Galilée. La Galilée, c’était le pays d’origine de Jésus et des disciples. Là où ils vivaient. Là où ils s’étaient rencontrés. Nous aussi, Jésus nous renvoie aujourd’hui là où nous vivons et où nous le rencontrons, pour porter à tous nos frères cet irrésistible désir d’amour qu’éprouve Jésus envers chaque homme et chaque femme, tous les hommes, les gens les plus divers, vivant en toutes nos Galilée et si souvent submergés de séismes personnels ou sociaux.
Si nous ne le faisons pas, nous que cet insondable amour du Seigneur a touchés, qui le fera, en ce monde où la mort semble souvent l’emporter ?

Oui, voilà bien la plus grande annonce que l’histoire des hommes n’a jamais entendue : Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Jésus nous attend comme l’ange du Seigneur attendait Marie Madeleine et l’autre Marie, pour combler nos vies mortelles de sa vie éternelle, du salut qu’il destine à tous. Une invitation qu’il vous adresse, Aliénor, Célia, Chrystelle, Émilie et Goulven, et à vous tous, aussi, qui avez retardé l’heure de votre coucher, en cette nuit, pour franchir la porte de cette église et suivre la flamme du Christ.

Nuit de vrai bonheur, nuit où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu, comme nous l’avons chanté dans l’Exultet au début de la célébration. Ne laissons pas s’éteindre la flamme que vient allumer le Christ ressuscité !

Amen Alléluia !
Père Marc D.