Tu es miséricorde, je suis misère

Edito du dimanche 15 mars 2015 – 4ème dimanche de carême

« Tu es miséricorde, je suis misère »

(‘misericors es, miser sum’, Augustin, Conf. X, 28, 39)

« La miséricorde n’aurait pas d’emploi sans la misère dont est affectée l’existence humaine, à la fois corporelle et spirituelle. Mais qu’est ce que la miséricorde, sinon une compassion de notre cœur pour la misère d’autrui, qui nous pousse à la secourir si nous le pouvons ? »  (Augustin, Cité de Dieu, IX, 5)

Une telle définition s’applique tout à la fois à Dieu, au Christ, à l’Eglise, à chacun de nous, bien qu’avec des nuances.

La miséricorde de Dieu s’est révélée dès le péché d’Adam, elle a été expérimentée par Israël tout au long de son histoire, jalonnée de multiples infidélités. Enfin, elle nous a été pleinement manifestée dans le Christ, venu illuminer et sauver l’humanité en se faisant obéissant jusqu’à la mort sur une croix.

Cette miséricorde, nous ne la devons pas à nos mérites, mais à la seule générosité de Dieu, à sa seule grâce. Un passage de Saint Paul aux Romains le souligne bien : « Tu accorderas miséricorde à qui tu voudras faire miséricorde. » (Rm 9, 15)

En ce 4ème dimanche de Carême, nous sommes invités, nous aussi, à faire preuve de miséricorde, qui trouve son expression dans la charité fraternelle.

Le mercredi des Cendres, la liturgie de la Parole insiste entre autres sur l’aumône. L’aumône, en grec, se dit justement « miséricorde ». Mais l’aumône ne consiste pas seulement à donner du pain à celui qui a faim. La miséricorde du Christ s’étend à toutes les détresses humaines, à tout homme, au tout de l’homme.

Ne pas rester indifférent, mais dilater nos cœurs, les ouvrir aux détresses de nos frères et sœurs, y porter incessamment nos regards etc.

Tous ces soins et cette vigilance seront, de notre part, œuvre de miséricorde.

Père Frédéric Adroma