Homélie Deuxième scrutin des catéchumènes – Dimanche 27 mars 2022

Jean 9, 1-41

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! » Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’, votre péché demeure. »

 

Chers Aliénor, Émilie, Célia, Chrystelle, Margaux et Goulven,
Chères Cécile, Secondine et Virginie,
Chers Frères et Sœurs, chers Amis,

Nous poursuivons aujourd’hui notre marche vers Pâques et le baptême des catéchumènes de notre paroisse, en accueillant dans l’Église de nouveaux catéchumènes : Aliénor, Émilie, Célia, Chrystelle, Margaux et Goulven ; et en célébrant le deuxième scrutin de Cécile, Secondine et Virginie, qui ont déjà vécu le premier ici, dimanche dernier. Souvenez-vous, lors de sa rencontre avec la Samaritaine, Jésus lui avait donné l’eau vive, dont la source jaillit au cœur de tout croyant et lui donne la vie éternelle. Une eau qui soulage toute soif.
Aujourd’hui, en rencontrant et en guérissant l’aveugle-né, le Seigneur révèle à chacun, chacune, chères Catéchumènes, qu’il est la Lumière du monde.
Que veut-il donc nous dire ?

Chers Amis, pouvons-nous imaginer, ne serait-ce qu’un instant, ce que peut ressentir un homme aveugle depuis sa naissance, le jour où, par impossible, il se mettrait enfin à voir de ses propres yeux ? Jusque-là, son monde restait hanté d’ombres et de sensations, de paroles et de bruits, de tâtonnements et d’odeurs, sans même qu’il imagine de différence entre deux couleurs, entre le lumineux et le sombre. Une condition qui ne lui donne guère d’autres ressources sinon d’avoir à mendier. Voilà une guérison inouïe que Jésus donne à vivre à cet aveugle, parce que Jésus éprouve pour lui un abîme de compassion.

Si l’Église donne à méditer l’Évangile de l’aveugle-né à celles et ceux qui s’approchent du baptême, c’est qu’après qu’ils auront été plongés dans l’eau baptismale, ils recevront à leur tour, avec l’eau vive, la vraie lumière venant du cierge pascal, la lumière du Christ ressuscité. Chacun, chacune selon sa condition, ces nouveaux baptisés revivront pour eux-mêmes la rencontre inouïe vécue par l’aveugle-né quand Jésus l’a guéri.

Jésus nous dit encore dans l’Évangile aujourd’hui : Je suis la lumière du monde, joignant le geste à la parole par la guérison de cet aveugle. A nous aussi, il adresse cette parole comme en écho à ce qu’il fit pour l’homme qu’il a guéri. Jésus n’a pas d’autres désirs que de se communiquer lui-même, lumière du monde, à ceux qu’il aime comme à ceux qui s’avancent à lui. Il avait dit à la Samaritaine : Donne-moi à boire, et la Samaritaine en reçut l’eau vive par laquelle elle n’aura plus jamais soif, eau de vie éternelle. Il dit à l’aveugle-né : Je suis la lumière du monde, et l’aveugle-né ne reçoit rien moins que la claire vision de toute chose, la Lumière qui vient en ce monde.

Chères Catéchumènes, en recevant le baptême, la confirmation et aussi l’Eucharistie, la vie même de Dieu vous sera donnée ; voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu, comme le Seigneur les voit lui-même.
Si Jésus a su guérir cet aveugle, c’est qu’au fond de lui-même, ce dernier n’ignorait pas sa condition d’aveugle. En revanche, tous ceux qui, comme les pharisiens, croient voir, en se faisant une excellente opinion d’eux-mêmes, ceux-là, dit Jésus, sont de véritables aveugles. Leur péché demeure. Du moment que vous dites nous voyons, votre péché demeure. La grâce du baptême donne de voir Jésus lui-même dans nos vies renouvelées. Quand Jésus demande à l’aveugle guéri : Crois-tu au Fils de l’homme ? Celui-ci répond : Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Jésus dit alors : Tu le vois, tu le vois, c’est lui qui te parle.

Si je vous demandais : Croyez-vous que Jésus est le Fils de Dieu ? Croyez-vous qu’il change votre cœur ? Croyez-vous qu’il vous fasse voir la réalité comme Lui la voit, non pas comme nous la voyons-nous ? Croyez-vous qu’Il est la lumière, qu’il nous donne la vraie lumière ? Que répondriez-vous ? Que chacun, chacune réponde dans son cœur.
Lorsque dans la nuit de Pâques, chères Cécile, Secondine et Virginie, et nous tous avec vous, nous confesserons d’un grand cœur notre foi dans le Fils de l’homme, Fils du Dieu vivant, Christ ressuscité, alors nous aussi, nous le verrons, vivant, agissant et guérissant au cœur de nos pauvres vies.
Voilà la grâce du baptême, ceux qui marchaient dans les ténèbres voient enfin se lever une grande lumière.
Que le Seigneur vous illumine de sa lumière pour qu’à votre tour vous deveniez lumière dans un monde si souvent repu de ténèbres.

Alors, on dira de vous : Vous êtes la lumière du monde.

Amen
Père Marc D.