Solennité du Saint-Sacrement – A Dimanche 11 juin 2023

Jean 6, 51-5

En ce temps-là, Jésus disait à la foule des Juifs : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »


Chers Frères et Sœurs,

Dimanche dernier, dimanche de la Trinité, l’Évangile disait que Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Aujourd’hui, dimanche du Corps et du Sang du Christ, Jésus ajoute : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle.

Frères et Sœurs, comment cesserions-nous de nous étonner en contemplant ce que Dieu notre Père accomplit pour nous inscrire dans son plan de Salut, un salut que Jésus appelle la vie éternelle ? Dieu a d’abord donné son Fils, Jésus, le Christ. Devenu l’un des nôtres, Jésus s’est lui-même donné, donnant sa chair à manger et son sang à boire, en accomplissant cela jusqu’au bout, en sa terrible mort sur la croix et sa glorieuse résurrection.
En agissant ainsi, Jésus ne nous invite pas à un exercice d’anthropophagie, comme on le disait des premiers chrétiens ; ni non plus de théophagie. Simplement, Jésus rend accessible à tous ce à quoi le plus intime de chacun aspire de toute éternité : la vie éternelle, la vie de Dieu qui se donne, au point qu’en mangeant ce pain et en buvant ce vin, Jésus devient l’habitant de notre cœur. En s’en saisissant, il rend ce cœur membre du Christ. Voilà la messe, voilà l’Eucharistie, voilà le don suréminent que le Seigneur nous fait sous l’apparence quelconque d’un morceau de pain et de quelques gorgées de vin.
Si nous croyons que Dieu croit en nous, alors croyons aussi en Celui qu’il a envoyé Jésus, le Christ. En croyant en Jésus, recevons aussi sa Parole qui dit : Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Cette Parole révèle ce qu’il y a d’insensé, du moins d’absurde, à se dire croyant en Jésus sans venir recevoir ce que Jésus nous donne de plus précieux, son corps et son sang, le pain et le vin, l’Eucharistie.
Comment peut-on être croyant sans être pratiquant ?
Que penserions-nous de quelqu’un qui déclarerait : je crois en la médecine, mais je ne vais jamais voir le médecin ? Ou encore : je raffole du bon pain, mais je n’en mange pas ; du bon vin, mais je n’en bois jamais ? Je crois en l’amour, mais je n’aime personne. Et nous, comment aimerions-nous la vie, sans accueillir Celui qui nous la donne, aimer Jésus sans venir nous en rassasier ?
Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui, poursuit Jésus. A cause de cette Parole, nous parlons d’une présence réelle. Présence de la chair de Jésus en ce pain, et de son sang dans le vin. En mangeant et en buvant, nous avons nous-mêmes Jésus dans le sang, coulant en nos veines. L’Eucharistie devient chacun, chacune de celles et ceux qui la reçoivent. L’Eucharistie devient nous-mêmes.
Présence réelle. Présence qui rend possible l’impossible.
Naguère, dans nos villes, et aujourd’hui encore en certaines contrées, à la solennité du Corps et du Sang du Christ, le dimanche du Saint Sacrement, aussi appelé la Fête Dieu, l’Église organisait des processions où l’on présentait le Saint Sacrement à toute la cité.
Elle signifiait ainsi que Jésus en son Corps et en son Sang, dans le Pain et le Vin, se donne à tous, qui que l’on soit ; que ce don réalise le plus éminent de la destinée de tout homme, qu’il lui donnera un bonheur si insurpassable que les plus fécondes ressources de son imagination resteront impuissantes à le concevoir.
Plus encore, tous ceux qui reçoivent cette sainte nourriture ne forment bientôt plus qu’un seul corps, préfigurant le projet que Dieu nourrit pour le genre humain tout entier, appelé lui aussi à se rassembler en un seul corps.
Voilà la mission des disciples du Christ en ce monde, un monde qui ne sera pas sauvé sans le Christ ; un monde que le Christ ne sauvera pas sans nous.
Voilà notre mission.

Alors, Frères et Sœurs, soyons les croyants pratiquants d’une telle foi.
La vie éternelle n’est pas pour demain, elle est là aujourd’hui.
Mangeons la chair du Fils de l’homme et buvons son sang. Ce n’est pas pour être enfermé dans un tabernacle que le Seigneur se donne à nous, mais bien pour être le ferment qui nous divinise et nous transforme en Lui.

Le seul tabernacle et le seul ciboire, c’est l’homme.
Jésus est là, il nous donne déjà la vie éternelle.

Amen, Alléluia !
Père Marc D.