Vingt-et-unième dimanche du temps ordinaire – A Dimanche 27 août 2023

Matthieu 16, 13-20

En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.


Chers Frères et Sœurs,

Sur le chemin de Jésus avec ses disciples, nous voici à un carrefour.
Nous voici, nous aussi, face à nous-mêmes et à notre foi.
Jésus et ses disciples sont à Césarée de Philippe, peut-être le lieu le plus éloigné de Jérusalem ; par la distance, au nord de la Palestine, aux confins des terres païennes ; et aussi par la pratique religieuse, lieu où les païens vénèrent César et des divinités gréco-romaines. C’est en ce lieu métissé que Jésus interroge les disciples sur ce qu’il est ; et au-delà de ce qu’il est, sur ce qu’il est pour eux, pour leur destinée dans le plan du Salut. A partir de là, commencera sa longue montée vers Jérusalem où, moment inconcevable et scandaleux pour les disciples, il mourra en croix, avant d’entrer dans la Résurrection.

Qui est Jésus ? Une question qu’on n’a jamais cessé de poser. Elle fait encore la une des magazines : on veut savoir qui est Jésus, comme on le ferait pour Bouddha, Socrate ou Mahomet. De son temps, les gens pensaient que c’était un prophète, ou un ancien prophète qui serait revenu : Jean le Baptiste, Elie ou Jérémie. De nos jours, journalistes et historiens répondent comme des enquêteurs, par des descriptions, des narrations ou des analyses historiques. Somme toute, des réponses qui n’engagent en rien leurs auteurs, pas plus qu’elles ne changent quoi que ce soit dans la réalité de leur vie.
Mais nous qui sommes ici, dans cette église ; nous, disciples de ce temps, allons plus loin que les foules et tous ces curieux. Regardons, contemplons Jésus. Il nous adresse la même question et elle bouleverse notre propre destinée. Avec supplication, Jésus demande : Pour vous qui m’avez suivi, qui suis-je ?
Jésus avait d’abord demandé ce que pensait quiconque : Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? Il pénètre ensuite le cercle intime des disciples qui le suivent : Pour vous, qui suis-je ? Et la réponse jaillit du seul Simon Pierre. Une réponse qui ne provient pas de lui et qui lui aura été inspirée par le Père. Non pas Yonas, son père charnel, mais bien le Père qui est aux cieux.
Pierre répond en disant : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant !
Simon Pierre livre la réponse révélée par l’Esprit Saint. Il reconnaît en Jésus : le Christ, c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction de Dieu et qui est Dieu lui-même, Fils de Dieu, envoyé pour transmettre cette onction divine aux disciples, pour qu’eux-mêmes, inoculent la vie divine à ceux qui constitueront l’Église et, au-delà, à tout homme qui désire vivre de cette vie divine, la vie éternelle.
Jésus déclare Pierre heureux, du bonheur des béatitudes. Il reçoit sa mission du Seigneur : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.

Frères et Sœurs, comprenons-le, Jésus ne pose pas la question au seul Pierre ou aux seuls douze. Mais aussi à nous-mêmes.
Comment y répondons-nous ? Pour vous, qui suis-je ?
Parlerons-nous de Jésus tels ceux qui le désignent comme un sage ou un prophète ? Répondrons-nous comme le disciple qui se met en marche, quittant sa maison et les siens pour suivre le Seigneur ? Répondrons-nous comme Pierre ? Laisserons-nous, comme lui, l’Esprit de Dieu nous investir et nous inspirer ? Accepterons-nous de recevoir notre mission du Seigneur lui-même ? A la suite de Pierre, écouterons-nous le Seigneur nous dire : Toi aussi, tu es une pierre et cette pierre est nécessaire à la construction de mon Église ?
Notre foi en Jésus, Fils du Dieu vivant, est-elle assez ardente pour que le Seigneur reconnaisse en chacun de nous une pierre vivante de son Église ? Petite, très petite pierre, mais pierre précieuse que le Seigneur, lui la pierre d’angle, saisit pour construire dans le monde une Église, ancrée en Dieu ; une famille, une communauté, une paroisse, l’Église. Église certes de tout temps défigurée par tant de fautes, de faiblesses, de scandales et d’iniquités. Mais Église qui traverse les siècles et demeure toujours pour le salut du monde.
Le Seigneur donne à Pierre et à son Église, à nous aussi, les clés du Royaume. Nous, les croyants, nous avons mission de lier sur terre ce qui était sans lien et sans amour. Aussi de dénouer ce qui enchaîne, qui enferme et qui aliène. Voilà la mission que confie le Seigneur à ceux en qui l’Esprit Saint fait proclamer : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

Alors, Frères et Sœurs, sans crainte, répondons à ce pressant appel.
Amen
Père Marc.