28 septembre 2023 Notre-Dame de Vincennes – Catéchuménat

Matthieu 21, 28-32

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »


Chers Frères et Sœurs,

Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne. Voilà ce que dit cet homme à l’un, puis à l’autre de ses fils. Mon enfant, mon petit, la demande est affectueuse. Il s’agit moins d’un commandement que d’une invitation. Notons-le, il précise d’y aller aujourd’hui. Pour le père, ce qui compte ce n’est pas ce qu’ont fait ses fils hier, cela ne peut pas être changé. Ni ce qu’ils feront demain, demain reste incertain. Il s’agit d’aujourd’hui. Rien ne changera de ce qui s’est passé hier, et on ne sait ce qui adviendra demain. Seul compte aujourd’hui. Et aujourd’hui, l’un et l’autre fils sont attendus à la vigne. Et nous, avec eux.
Du premier, on ne sait s’il est paresseux ou effronté. Quoi qu’il en soit, son refus est massif. Il ne veut pas aller à la vigne. Le père ne réagit pas. Il ne reprend pas son fils, ne le condamne pas ni ne le menace. Le père s’efface devant ce refus. Du second, on dira que c’est le bon fils, fils sans histoire qui n’a jamais refusé quoi que ce soit à son père. Ne voulant pas le décevoir, il dit oui, quitte ensuite à s’arranger, à traîner, à remettre.
Que s’est-il donc passé dans le cœur du premier ? Il avait d’abord refusé d’aller à la vigne, puis il s’y est rendu. L’Evangile le dit : il s’est repenti. Autrement dit, le refus qu’il a signifié à son père lui est revenu tel un boomerang. Pris de remords, il change de décision et va à la vigne. Voilà ce qu’est le repentir : avancer sur une nouvelle pente, la bonne, et quitter la mauvaise. Quant au second fils, il est comme assoupi par le oui qu’il a accordé à son père. Il s’estime en règle et la question du repentir ne peut pas se poser pour lui.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? Assurément, celui qui ne supporte pas l’idée d’être un jour soustrait à l’amour du père. Il avait d’abord dit non. Puis, concevant l’effet de son refus dans le cœur de son père, il ne peut s’y résoudre. Aussi va-t-il à la vigne. L’autre est comme hypnotisé par son oui, un oui donné sans réserve, mais aussi sans suite. Il ne se rend même pas compte de la rupture consommée avec le père du fait de son absence à la vigne.
Et chacun de nous, au quel de ces deux frères ressemblons-nous le plus ? Reconnaissons-le : selon les circonstances, parfois à l’un, parfois à l’autre. Ce qui compte, c’est moins ce que nous disons que ce que nous faisons ou refusons de faire. Dire fait rire, faire fait taire. Notre salut est et sera toujours de travailler à la vigne du Seigneur pour faire advenir son royaume de paix et d’amour.
Jésus raconte cette parabole aux grands prêtres et aux anciens du peuple, les dignitaires religieux de son temps. Ceux qui étaient persuadés que leur autorité les rendait justes et conformes aux prescriptions de la loi. Ils avaient dit oui ; ils étaient en règle.
Mais Jésus les défie, faisant passer devant eux les publicains, percepteurs d’impôts pour le compte de l’occupant, et les prostituées. Un publicain, une prostituée, des pécheurs endurcis. Lorsqu’ils se laissent toucher par le Seigneur, la grâce finit par les irriguer tout entier et la vigne du Seigneur devient leur seul bonheur. Mais que peut faire le Seigneur avec des justes endurcis ? Ils sont drapés de vertu et de suffisance, revêtus d’une armure inaccessible à la faiblesse, à l’amour de Dieu. Le Seigneur le répète souvent, il n’est pas venu pour des justes, ils n’ont pas besoin de lui ; mais bien pour des pécheurs.
Et nous, présentons-nous au Seigneur, non pas comme celui qui va sans reproche, mais bien tel ce publicain se repentant d’avoir fait du tort à son semblable, ou la prostituée qui a trop aimé, d’un amour chaotique. Allons à sa vigne, croyons en sa Parole, vivons le royaume.

Notre vie n’est qu’un instant, une heure passagère. Notre vie n’est qu’un seul jour qui nous échappe et qui fuit. Seigneur, tu le sais. Pour t’aimer sur la terre, nous n’avons rien qu’aujourd’hui !
Ste. Thérèse de Lisieux

Amen
Père Marc.