Vingt-septième dimanche du temps ordinaire – A Dimanche 7 octobre 2023

Matthieu 21, 33-43

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : ‘Ils respecteront mon fils.’ Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : ‘Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !’ Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »


Chers Frères et Sœurs,

Il est heureux que l’Église nous donne à méditer la parabole des vignerons meurtriers peu après l’invitation du pape François à célébrer le mois de la création, et tandis qu’il vient de nous livrer l’exhortation apostolique Laudate Deum où il exprime sa très vive préoccupation quant à l’avenir de notre planète.
La parabole racontée par Jésus aux grands prêtres et aux anciens du peuple renvoie d’abord à l’histoire d’Israël, à l’Alliance conclue entre le Seigneur et son peuple, aux prophètes qu’il lui a envoyés pour réveiller son cœur et raviver cette Alliance. La parabole annonce aussi comment Jésus, Fils de Dieu, sera rejeté pour être crucifié, avant de ressusciter et de renouveler l’Alliance avec le plan de Salut offert au peuple des croyants, à l’Église et au-delà, à tout homme de bonne volonté. Voilà la lecture souvent proposée de cette parabole.
Prolongeons la méditation. Écoutons, comme y invite Jésus, et cherchons à entendre ce que la parabole nous dit aujourd’hui. Quelle est-elle cette vigne pour nous, les croyants de ce temps ? Comme jadis, par cette vigne se déploie l’Alliance entre le Seigneur et nous, les hommes. Voyez avec quel soin le propriétaire de la vigne l’a aménagée : il l’a entourée d’une clôture pour la protéger des bêtes sauvages, des intrusions et des rapines ; il y a creusé un pressoir pour en obtenir du bon vin à partir des grappes qui y seront récoltées ; une tour de garde permet de surveiller les alentours et de la défendre contre d’éventuels agresseurs.
Oui, la vigne est belle et sûre. Le propriétaire peut partir en voyage, confiant, en toute quiétude, après l’avoir laissée aux vignerons.

Frères et Sœurs, n’en va-t-il pas de même avec la Création que le Seigneur a confiée entre nos mains ? Dieu créateur a conçu le monde avec le plus grand soin pour qu’en cultivant la terre et en l’entretenant, nous en tirions le meilleur des fruits. Le psaume 103 le dit : Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! Tout cela, ta sagesse l’a fait ; la terre s’emplit de tes biens (24).
Point n’est besoin cependant d’être sous l’emprise addictive des media pour savoir à quel degré d’épuisement est aujourd’hui parvenue notre vigne, la terre, et quels maux elle subit du fait d’activités humaines prédatrices : surexploitation des ressources naturelles, graves menaces sur la biodiversité, réchauffement climatique, inégalités croissantes entre les plus riches et les plus démunis. Chaque jour apporte son lot de nouvelles préoccupantes, de dérèglements environnementaux meurtriers résultant d’une production économique désordonnée, guidée par l’âpreté au gain et des logiques polarisées par le profit, au préjudice de la terre, de la vigne confiée par le Seigneur, à nous les hommes.
Tel en va-t-il de la terre ; tel en est-il de nous-mêmes et de l’Alliance que le Seigneur veut conclure avec nous.

Que faisons-nous de la vigne de notre propre vie ? Écoutons-nous les serviteurs que le Seigneur nous envoie ? Quel accueil réservons-nous à son Fils, lui que nous croisons chaque jour dans celui qui a faim, qui a soif, qui est étranger, nu, malade ou en prison, tous ceux-là que le Père nous envoie en se disant que nous les respecterons ? Car si nous ne prenions pas soin de lui, il est à craindre qu’un jour la vigne qu’il nous a confiée nous soit enlevée pour être donnée à d’autres nations qui la rendront plus fertile.
Frères et Sœurs, le Seigneur nous a donné avec sa vigne ce qu’il a de meilleur. Il nous envoie des serviteurs, et jusqu’à Jésus, son propre Fils, mort et ressuscité, présent en chacune de nos Eucharisties, comme celle que nous célébrons aujourd’hui.
Il a tant aimé le monde qu’il nous a donné son Fils unique.
Cette histoire d’amour entre le Seigneur et chacun de nous est tourmentée et ponctuée de nombreux échecs. Malgré cela, ou peut-être à cause de cela, cet amour rebondit toujours. Même contrarié et déçu par nos erreurs et nos péchés, l’amour du Seigneur ne se ferme jamais ; car le Seigneur ne manque jamais à sa Parole, il ne se ferme pas, il ne se venge pas.
L’amour de Dieu se renouvelle sans cesse, transformant notre péché en une action de grâce. Un échec, en victoire de son amour.
Oui, voilà l’œuvre du Seigneur, une merveille devant nos yeux.
Prenons-en grand soin.

Amen
Père Marc.