Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire – A Dimanche 14 octobre 2023

Matthieu 22, 1-10

En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux pharisiens, et il leur dit en paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.’ Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.” Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »


Chers Frères et Sœurs,

Voici peu, des couples qui avaient programmé leur mariage ont dû remettre leur projet à plus tard du fait de la pandémie. Ils avaient envoyé les faireparts aux invités, cassé la tirelire de leurs économies et tout préparé pour le banquet, se réjouissant de réunir autour d’eux familles et amis en ce jour de noce ; tout comme les invités se réjouissaient d’y participer, quand survint, imprévu, un mauvais virus contrariant ce projet d’importance.
On comprend leur déception, leur tristesse.
Le roi dont parle l’Evangile éprouve, lui aussi, déception et grande tristesse au sujet des noces préparées de longue date pour son fils. Des serviteurs ont porté les faire-parts aux invités, ils les ont même relancés. Les meilleurs bœufs ont été égorgés. Le banquet, tout est prêt. Mais ici, ce sont les invités qui font défaut : ils ne veulent pas venir.
Quand tout est prêt, la déconvenue est grande si les invités veulent venir et en sont empêchés. Mais s’ils peuvent venir et qu’ils ne le veulent pas, combien plus amère sera la tristesse de celui qui invite. Voilà la peine qu’éprouve le roi. Ce roi, c’est Dieu lui-même invitant son peuple aux noces du Fils, noces de l’Agneau.
Le roi avait d’abord invité ses proches, du moins ceux qui se présentaient comme tels : le peuple élu qu’il avait chéri au long des siècles de l’ancienne Alliance, à qui il avait envoyé messagers et prophètes. Les proches de ce roi sont aussi ceux qui se réclament de lui à force de discours et de belles paroles, si longtemps que tout cela ne vient pas contrarier leurs champs ni leurs commerces. Mais quand on les invite, ils font défaut car ils considèrent qu’ils ont mieux à faire que de se rendre aux noces de l’Agneau, à la table du Seigneur.
La tristesse et la colère du roi s’amplifient si l’on regarde ces noces de plus près. L’avez-vous remarqué ? Il s’agit de noces sans épouse. Comment comprendre la suprême importance que le roi donne à ces épousailles, alors que rien ne nous est dit quant à la fiancée du Fils ? Rien ne nous est dit, car la fiancée, l’épouse, ce sont les invités eux-mêmes. Chacun de nous. Par l’incarnation, la mort et la résurrection de son Fils, Dieu notre Père n’exprime pas d’autre volonté, sinon de marier l’humanité entière à Jésus, le Christ. Voilà pourquoi Paul, et avec lui toute la tradition, présentent l’Eglise comme l’épouse du Christ, toujours invitée à la table du Fils, table de l’Epoux, table des noces.
Oui, le repas de noce était prêt, mais les invités, ceux qui se croient religieux et proches du roi, n’en étaient pas dignes. Aussi les serviteurs iront-ils dorénavant à la croisée des chemins et demanderont à tous ceux qu’ils trouveront, tous, les bons comme les méchants, de venir remplir la salle de noce.
Aucune condition n’est requise pour participer à ce banquet. Aucune, sinon de porter le vêtement de noces. Non pas la dernière création coûteuse d’une maison de haute couture. Mais plutôt l’intime désir de participer à la noce, qui suppose d’être purifié, d’avoir relégué au second plan ce qui faisait notre condition antérieure, notre champ ou notre commerce, que nous soyons mauvais ou bon comme disait l’ancienne loi. Ardent désir de nous mettre à l’écoute et à l’entière disposition de cet unique amour auquel le roi nous invite tous.
Alors, petit à petit, pas après pas, plus rien ne viendra devancer notre désir de venir à la noce du Fils. Cette noce deviendra la nôtre.

Aussi, Frères et Sœurs, veillons à ne jamais laisser lier nos pieds, ni nos poings. Ne nous complaisons pas dans des ténèbres du dehors.

Nous sommes tous appelés.

Sans délai, répondons à cet amour, et nous serons élus.

Amen
Père Marc.