Pèlerinage Basilique Notre-Dame d’Alençon – 11 novembre 2023

Jean 2, 1-11
En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.


Voici l’homélie que j’ai prononcée samedi à la basilique Notre-Dame d’Alençon, lors de notre pèlerinage paroissial à Alençon et Lisieux, lors de la messe votive aux Saints Louis et Zélie Martin, parents de Sainte Thérèse.

Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, nous sommes avec Zélie et Louis Martin, qui ont laissé l’eau de toute leur vie être changée en vin par le Seigneur. Leur amour, voulu de Dieu et créé par Dieu, a été transformé en amour de Dieu. Comme à eux, le Seigneur s’adresse à chacun : comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Seigneur. Oui, Zélie et Louis par leur mariage révèlent à leur façon l’Amour de Dieu pour chacun de nous, et nous ouvrent une voie.
L’Évangile de ce jour commence par : En ce temps-là. Or le texte dit que c’est trois jours plus tard. Trois jours, des mots qui trouvent un écho en nos cœurs de croyant. Jésus est à un mariage. Et quand Jésus va quelque part, c’est qu’il y a quelque chose à sauver. Jésus est présent à ce mariage, Il le bénit et Il le sauve.

Aujourd’hui, dans cette basilique, le Seigneur est présent, comme Il l’était aux noces de Cana, et il veut aussi nous sauver, nous aussi.
Il y eut un mariage, à Cana de Galilée, et la mère de Jésus était là. La mère s’adresse à son Fils, et son Fils lui répond : Femme, que me veux-tu ? Une parole rude : Femme, que me veux-tu ? Qu’y-a-t-il entre toi et Moi ? Jésus s’adresse peu à sa mère dans l’Évangile. Deux fois dans celui de Jean, une fois ici, et il l’appelle Femme. Une autre fois au pied de la Croix où, à nouveau, il l’appelle Femme, lorsqu’Il s’adresse au disciple bien-aimé, à chacun de nous, et Il lui dit Voici ta mère. Il dit à Sa mère : Femme, voici ton fils.

A Cana, la mère de Jésus agit déjà comme une mère. Elle constate un manque : ils n’ont pas de vin. Il manque l’essentiel : le vin, ce qui réjouit le cœur de l’Homme, l’allégresse qui est donnée. Quand ils n’ont pas de vin, il n’y a pas de joie. Il manque l’essentiel, il manque le cœur. Ils n’ont pas de vin. Cela vaut le coup de prendre la mère de Jésus comme mère, de faire comme le disciple bien-aimé et de prendre Marie chez soi pour qu’elle prenne soin de nous.
Jésus répond : Mon heure n’est pas encore venue. Heure dont Jésus parle plusieurs fois dans l’Évangile. L’heure, le moment où Il se mettra aux pieds de ses disciples et les lavera. L’heure, celle de la Croix. L’heure, le moment où Dieu accomplit son Salut où il scelle l’alliance entre Lui et nous. Le moment où Il nous établit comme époux, épouse du Christ. Il veut accomplir cette Alliance prévue de toute éternité entre Dieu et son peuple.
L’heure va se manifester avec du vin. De fait, on a beaucoup de vin à Cana : 600 litres d’eau sont transformés en vin, c’est beaucoup ! Jésus aurait pu se satisfaire de la quantité nécessaire. Non, il y en a à profusion. Le Seigneur donne beaucoup plus que ce dont on a besoin. Il faut juste ouvrir les yeux et le cœur, et s’en rendre compte. Il donne.
Ce vin annonce un autre vin, celui que le Seigneur prendra au dernier repas, disant : Ceci est mon Sang. Ce vin deviendra le Salut du monde. Ce vin annonce le sang que Jésus verse sur la Croix. Ce vin devient sang du Christ à chaque Eucharistie. Dieu nous donne l’essentiel : le vin qui évoque la joie de Dieu qui nous est donnée. Par la voix du prêtre, Jésus dit : Ceci est Mon corps donné pour vous, Ceci est Mon sang versé pour vous. Cela se passe déjà à Cana où l’heure du Seigneur commence. En transformant cette eau en vin, c’est déjà le Sang du Seigneur qui est donné. Dans quelques instants, nous aussi nous entendrons : Ceci est mon corps, ceci est mon sang donné pour toi.

A leur mariage, Louis et Zélie Martin se sont dit : Je te reçois, je te donne ma vie tout entière. Ils ont demandé au Seigneur d’être là, avec eux et d’ajouter quelque chose : cette joie. Ils lui ont demandé de devenir témoins de Dieu.
Et le don que le Seigneur leur fera ne sera pas que pour eux. Voilà peut-être la leçon des Noces de Cana. Ils sont devenus foyer rayonnant de l’Amour de Dieu. L’Esprit qu’ils ont reçu, ils l’ont transmis à Thérèse et à leurs filles, qui ont eu une vie féconde dans le Seigneur.
Une fécondité qui rejaillit pour nous aussi qui sommes ici en pèlerinage.
Lorsqu’un prêtre est ordonné, c’est un peu pour lui et beaucoup pour les autres. Quand on se marie, le mariage est reçu pour soi et aussi pour les autres. Lorsqu’on reçoit l’Eucharistie, la communion, elle est reçue pour soi, et beaucoup pour les autres. C’est cela l’élan de notre vie : établir une relation avec le Seigneur pour permettre à Son amour de rayonner en passant par nous.
Alors, aujourd’hui, au cours de notre pèlerinage, à Alençon, puis à Lisieux, je nous le souhaite à tous, comme firent Louis et Zélie, et aussi Thérèse, mettons le vin du Seigneur dans nos vies, et mettons la vie de Dieu, dans notre vin.

Amen
Père Marc.