Solennité du Christ, Roi de l’univers – A Dimanche 26 novembre 2023

Matthieu 25, 31-46
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’ Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’ Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’ Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »


Méditation du Père Marc.

Chers Frères et Sœurs,
Recevoir en héritage le Royaume des cieux, un Royaume préparé pour nous depuis la fondation du monde, en vérité, y a-t-il promesse plus désirable ? Au long de l’Évangile de Matthieu, le Seigneur a parlé du Royaume, le plus souvent en paraboles, pour dire à ses disciples, et à tous, à quoi il ressemble. Aujourd’hui, dernier dimanche de l’année liturgique, nous lisons le dernier discours du Seigneur à ses disciples avant sa Passion. La description du Royaume se fait plus précise, tout comme celle des moyens pour y entrer.
Depuis que Jésus, le Seigneur, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, s’est fait homme, qu’il a habité parmi nous, devenant l’un des nôtres, nous, ses disciples, les chrétiens, nous n’avons d’autre désir sinon d’ardemment rechercher sa présence, la proximité du Sauveur, et d’en vivre. Cette présence se révèle dans la vie de l’Église, en particulier lors des sacrements, ce baiser du Seigneur que l’Esprit Saint dépose sur chacun. Nous tous qui nous disons chrétiens, nous n’avons de cesse de rechercher la présence du Seigneur. Nous l’espérons et nous savons qu’elle nous sera donnée en plénitude quand nous serons dans le Royaume promis.
L’Évangile indique un chemin des plus directs pour parvenir à ce Royaume tant désiré : nourrir l’affamé, désaltérer l’assoiffé, accueillir l’étranger, habiller le dénudé, visiter le malade et le prisonnier. Des actes de compassion qui font de l’autre un roi, surtout de celui qui n’a rien. L’Évangile révèle que cet autre réserve, en outre, une surprise à quiconque agit ainsi, chrétien ou non, croyant ou pas : il découvrira, le moment venu, que cet autre roi, c’est Jésus, le Seigneur lui-même.
Allons plus loin : ceux qui seront renvoyés au loin, dans le feu éternel, ce ne sont pas d’abord ceux qui ont fait le mal, mais plutôt ceux qui n’auront pas fait le bien, un bien à leur portée. Souvent, les gens disent : Je ne fais de mal à personne. Certes, tu ne fais pas de mal, mais fais-tu le bien que ton frère attend de toi ? Car ce frère dans le manque, c’est Jésus lui-même.
Montons encore une marche. Si longtemps que des hommes et des femmes parmi nos proches auront faim ou soif, seront étrangers, nus, malades ou prisonniers, et que nous négligerons d’aller vers eux, comment serons-nous bénis du Père et recevrons-nous le Royaume en héritage ? Le Seigneur le dit aux disciples après que le jeune homme riche l’eut quitté : être sauvés, pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu, tout est possible (Mt 19,26).
Beaucoup, en venant secourir leur semblable en détresse, gagneront le Royaume car, en l’ignorant, ils auront sauvé le Christ. D’autres se déclarant disciples du Christ, parfois bons pratiquants et pourtant insensibles à leur prochain dans le besoin, s’exposent eux-mêmes et par eux-mêmes au feu préparé par l’ennemi, ne secourant pas celui qui souffre, ne reconnaissant pas le Christ.

Nous-mêmes, de temps à autre, nous sommes exposés au doute, notre foi vacille et devient incertaine. Certains se sentent perdus. Pour ne pas nous tromper, revenons au fondement du salut qui nous est offert : donnons, accueillons, vêtissons et visitons nos frères, et nous serons sauvés.
Frères et Sœurs, désormais, nous qui avons écouté et traversé ce passage, un passage qui indique la route du Royaume, n’abandonnons pas le Seigneur qui a faim et soif, qui est nu, étranger, malade ou en prison. S’il ne nous était pas possible de recevoir Jésus par le pain et le vin à la table eucharistique, l’Evangile aujourd’hui nous indiquerait une voie tout aussi sûre pour que nous rencontrions sa présence réelle.
Ne la manquons pas.

Amen
Père Marc.