Quatrième dimanche de Carême – B 10 mars 2024

Jean 9, 1-41

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! » Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’, votre péché demeure. » Crois-tu au Fils de l’homme ? L’homme répondit : Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Jésus lui dit : Tu le vois, c’est lui qui te parle. Il dit : Je crois, Seigneur !


Chers Catéchumènes,
Chers Parrains, Marraines et Accompagnateurs,
Chers Frères et Sœurs, chers Amis,

Nous poursuivons ce dimanche notre marche vers le baptême des catéchumènes de notre paroisse, en célébrant le deuxième scrutin. Lors de sa rencontre avec la Samaritaine, Jésus lui avait donné l’eau vive dont la source jaillit au cœur de tout croyant et lui donne la vie éternelle. Une eau qui soulage toute soif. Aujourd’hui, en rencontrant et en guérissant l’aveugle-né, le Seigneur révèle à chacun, chacune, chers Catéchumènes, qu’il est la Lumière du monde. Il nous dit : Lève-toi, lave toi, et vois ! Que veut-il dire ?
Chers Amis, imaginons, serait-ce un instant, ce que ressent un homme aveugle depuis sa naissance, le jour où, par impossible, il se mettrait à voir de ses propres yeux. Jusque-là, son monde restait hanté d’ombres et de sensations, de paroles et de bruits, de tâtonnements et d’odeurs, sans même qu’il imagine de différence entre deux couleurs, entre le lumineux et le sombre.
Une condition qui ne lui donne guère d’autres ressources, sinon d’avoir à mendier. Et voilà que Jésus donne à vivre une guérison inouïe à cet aveugle, car il éprouve pour lui un abîme de compassion.
Si l’Église fait méditer l’Évangile de la guérison de l’aveugle-né à celles et ceux qui s’approchent du baptême, c’est qu’après qu’ils auront été plongés dans l’eau du baptême, ils recevront à leur tour, avec l’eau vive, la vraie lumière, la lumière du Christ ressuscité allumée au cierge pascal. Chacun selon sa condition, ces nouveaux baptisés revivront pour eux-mêmes cette rencontre inouïe vécue par l’aveugle-né quand Jésus l’a guéri.
Jésus nous dit encore aujourd’hui dans l’Évangile : Je suis la lumière du monde, en joignant le geste à la parole par la guérison de cet aveugle. A nous aussi, il adresse cette parole comme en écho à ce qu’il fit pour l’homme qu’il a guéri. A nous aussi, catéchumènes et baptisés, il dit : Lève-toi, lave toi, et vois ! Jésus n’a pas d’autres désirs, sinon de se communiquer lui-même, lumière du monde, à ceux qu’il aime comme à tous ceux qui s’avancent à lui de grand cœur. Il avait dit à la Samaritaine : Donne-moi à boire, et la Samaritaine en reçut l’eau vive par laquelle elle n’aura plus jamais soif, eau de vie éternelle. Il dit maintenant à l’aveugle-né : Lève-toi, lave toi, et vois ! Je suis la lumière du monde, et l’aveugle-né ne reçoit rien moins alors que la claire vision de toute chose, la Lumière qui vient en ce monde.
Chers Catéchumènes, en recevant le baptême, la confirmation et bientôt l’Eucharistie, la vie même de Dieu vous sera pleinement donnée : voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu, comme le Seigneur les voit lui-même.
Si Jésus a su guérir cet aveugle, c’est qu’au fond de lui-même, cet homme pauvre, ce mendiant d’argent, de lumière et d’amour, n’ignorait pas sa condition d’aveugle. En revanche, tous ceux qui, comme les pharisiens, croient voir, sont persuadés de bien voir en se faisant une excellente opinion d’eux-mêmes, ceux-là, dit Jésus, ce sont les véritables aveugles. Leur péché demeure. Du moment que vous dites : nous voyons, votre péché demeure.
La grâce du baptême donne de voir Jésus lui-même dans nos vies renouvelées. Quand Jésus demande à l’aveugle qu’il vient de guérir : Crois-tu au Fils de l’homme ? Celui-ci répond : Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Jésus dit alors : Tu le vois, c’est lui qui te parle.
Lorsque dans la nuit de Pâques, chers Alexandra et Alexandra, David, Élise, Monique, Pauline et Thana, et nous tous avec vous, nous confesserons d’un grand cœur notre foi dans le Fils de l’homme, le Christ mort et ressuscité, alors nous aussi, nous le verrons, vivant, agissant et guérissant notre regard, notre cœur et nos pauvres vies.
Voilà la grâce du baptême, ceux qui marchaient dans les ténèbres voient enfin se lever une grande lumière.
On dira de vous : Ils se sont levés, ils se sont lavés, et ils ont vu.
Que le Seigneur vous illumine de sa lumière pour qu’à votre tour vous resplendissiez de lumière dans un monde si souvent repu de ténèbres.
Alors, on dira de vous : Vous êtes la lumière du monde.

Amen
Père Marc.