Homélie du mercredi des Cendres (26 février 2020)

NOTRE-DAME DE VINCENNES

HOMÉLIE DU MERCREDI DES CENDRES

(26 février 2020)

 

Frères et sœurs nous entrons aujourd’hui par cette liturgie solennelle et pénitentielle dans le temps du Carême.

D’année en année, je crois comprendre que cette célébration est attendue par beaucoup comme un beau porche d’entrée dans un temps liturgique dont l’on voudrait qu’il soit sérieux, spirituel, dense.

Peut-être qu’en ces temps où l’inquiétude sur l’avenir et la redécouverte subite de notre grande fragilité –je fais allusion ici aux grèves récentes et au virus Covid-19 qui semble se répandre partout- nous sommes plus enclins à nous tourner vers le Seigneur pour qu’Il nous éclaire d’abord sur ce que nous sommes en Lui notre créateur et notre Sauveur. Mais, nous ne nous tournons pas vers Lui uniquement par un réflexe de peur, je pense. J’espère que nous nous tournons vers Lui parce que nous l’aimons, parce que notre histoire d’Alliance avec Lui est liée à notre baptême et au choix que nous avons fait de le ratifier.

Le temps du Carême -pour faire écho à la deuxième lecture extraite de la seconde lettre de Saint Paul aux Corinthiens- est toujours ce « moment favorable » (cf. 2 Corinthiens 6,2) de l’année pour nous retourner vers Dieu, pour revenir à Lui de tout notre cœur (cf. Joël 2,12). C’est le propre de la conversion spirituelle, la fameuse métanoia de l’Évangile qui nous appelle à un changement d’état d’esprit, un bouleversement de nous-même en profondeur. Dans notre parcours chrétien, nous avons encore et toujours cette possibilité au long de notre vie de nous reprendre et de retourner à la joie de notre baptême. Pensons à la fameuse parabole du fils prodigue (Luc 15) qui nous indique bien comment deux libertés – celle du fils et celle de son Père qui symbolise Dieu- parviennent à se rencontrer et le tout se termine  après l’épreuve dans la joie des retrouvailles. Jusqu’à sa conversion, le fils ne désirait pas vivre en paix, en harmonie, en vérité joyeuse avec son Père préoccupé qu’il était de lui-même égoïstement. L’Évangile nous dit à longueur de pages que le rêve de Dieu pour l’homme est que celui-ci reste toujours ouvert à sa grâce sans soupçonner Dieu de vouloir l’asservir ou, pire, de le soumettre à ses caprices comme le faisaient les divinités anciennes. En Dieu l’amour est pur, l’alliance est sincère, la vérité est profonde.

Le rite de l’imposition des cendres, frères et sœurs, nous remet en face de notre précarité : que sommes-nous ? De la poussière, de la cendre surtout si nous sommes livrés à nous-mêmes et que nous n’imaginons pas que Dieu veuille faire renaître en nous le feu rougeoyant de sa grâce. Surtout si nous oublions que nos fronts de baptisés et confirmés ont reçu l’onction du Saint Chrême pour briller et refléter la splendeur du Christ, le Messie, Celui qui a reçu l’onction  comme Envoyé du Père dans sa mission auprès des hommes.

A Pâques, nous fêterons ensemble cette mission qui est la nôtre : refléter la grâce de Dieu comme des disciples joyeux et missionnaires que le Seigneur espère. Nous le ferons en accueillant dans cette communauté paroissiale trois nouveaux adultes, Delphine BRESSON,  Estéban MATHIEU-FAUCHER  et Pierre OUVRARD, qui recevront le baptême dans la nuit de Pâques. Nous le ferons en renouvelant avec eux nos promesses de baptême.

D’ici là, nous aurons usé de quelques moyens si bien décrits par le Christ dans la page d’Évangile que nous lisons chaque année pour cette entrée en carême (Matthieu 6,1-18)

v  Nous aurons osé davantage la prière comme un cœur à cœur intime avec le Seigneur. Notre paroisse à travers un court office de laudes le jeudi matin à 7 heures 30 et un temps d’adoration eucharistique prolongé le vendredi soir de 19 h 30 à 20 h 30 nous invite à cette ouverture en nous soutenant les uns les autres dans la prière. Quelle que soit notre expérience de la prière, n’est-ce pas le moment favorable pour aller un peu plus en profondeur ?

v  Nous aurons osé nous libérer du superflu et du futile. Le pape François dans son enseignement ne cesse pas de nous appeler à une « écologie intégrale ». Qu’est-ce à dire si ce n’est que nous pouvons nous essayer encore davantage à vivre plus sobrement et à résister à la course aux bien matériels pour nous intéresser davantage à la course spirituelle ainsi qu’aux relations fraternelles. Nous voyons combien cela va à rebours de l’esprit du temps tout occupé à organiser ce délire de consommation qui ne nous honore pas. Nous arrêter dans un monastère, dans une église à un moment qui ne nous est pas habituel, c’est résister. Nous confesser durant le temps du Carême, c’est prendre soin de notre être profond, participer à une œuvre caritative en la soutenant matériellement, c’est un geste fraternel authentique.

v  Nous aurons osé venir participer à l’assemblée paroissiale du samedi 14 mars de 15 heures à 17 h 30 dans la crypte de l’église. Cette assemblée sera un temps fraternel avant tout qui pourra nous permettre de découvrir de nouveaux visages et d’échanger entre nous. L’Équipe d’animation paroissiale (EAP) prépare ce temps qui devrait nous permettre de faire le point sur notre vie paroissiale et notre souci d’évangélisation ici à Vincennes. Vous y êtes tous invités quels que soient votre âge ou votre situation !

Prenons maintenant un instant de silence avant le rite de l’imposition des cendres pour laisser retentir en nous les mots de la première prédication de Jésus que nous rapporte l’Évangile : ils sont éternels et ils vont accompagner le rite des cendres sur nos fronts :

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile »

(Marc 1,15)

 

                                                                                                             Père Stéphane AULARD